Le parti-pris de la douceur

Objets inanimés, avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? Alphonse de Lamartine ne m’en voudra pas de lui voler ce vers qui exprime si bien mon rapport à la céramique. Modelés ou tournés, utiles ou purement décoratifs, les objets que je façonne prennent forme entre mes mains. Après avoir affronté l’épreuve du feu, ils se révèlent et me révèlent aussi. Ce vase ou ce plat gravé, cette boîte-femme, ce bol-oiseau, cette sculpture racontent mes voyages intérieurs ou bien réels. Réalisés en grès blanc ou noir, une terre chaleureuse qui peut n’être émaillée qu’en partie, ils jouent du contraste entre un grain parfois irrégulier et le satiné d’un émail, entre le mat et le brillant. Les visiteurs de mon atelier parisien disent que la dimension poétique de mes œuvres les apaise. Sans doute est-ce mon parti-pris d’opposer à la brutalité la force de la douceur. Mes Belles Endormies – sculptures au corps réalisé à base de colombins – sont des femmes de toutes les époques et de tous les horizons. Sereines, libres, elles semblent sortir de leur chrysalide et assument leurs choix de vie.